28 juil. 2014

Alpinisme dans les Écrins (5/5): Pic du Glacier Blanc (3525m, arête S)

Le Pic du Glacier Blanc : une course d'arête avec trois belles aiguilles situées devant le Pic de Neige Cordier, face à la Barre des Écrins. La principale difficulté réside dans le dièdre du départ, mais la longueur de l'arête n'est pas à sous-estimer car le développement est important. Deux rappels, des manœuvres et quelques changement d'encordement. Une attaque de 200m puis le passage des deux premières aiguilles avant d'atteindre le sommet. Il existe deux échapatoires : l'un après l'attaque, l'autre en désescalade après le premier rappel. Localisation depuis le Glacier Blanc et depuis les Agneaux :

Pic du Glacier Blanc : 3525m
Refuge des Écrins : 3170m
Altitude min./max. : 1870m / 3525m
Dénivelés +/- : +1655m
Sommet : 3525m
Cotation globale : AD
Cotation d'engagement : II
Niveau d'équipement : P3
Cotation escalade libre : 4b
Dénivelé de difficulté : 300m
Longueur : 500m
Configuration : arête, crête
Face : S
Type : traverse
Nous quittons le refuge des Écrins à flanc, vers l'est, pour rejoindre la base de l'arête sud du Pic. Une heure d'approche mixte (glace, neige, rocher) sous le Pic Cordier. Progression en crampons, sans encordage. Le temps est splendide. Sur le bleu roi du ciel se détache le blanc immaculé de la neige.

Au pied du rocher s'étend le Glacier Blanc. Devant nous, le Pic, sa crête et ses aiguilles.


Vue sur le Glacier Blanc

C'est là que la course de crête commence véritablement avec la première partie classée difficile. L'attaque fait 200m, à gravir d'une traite avant de pouvoir continuer sur la première aiguille. Concentration, patience, sereinité, tenacité, engagement, recherche des meilleurs passages. La rencontre avec soi-même est inévitable. Un système de fissures permet d'évoluer plus sur l'arête S ou de faire quelques incursions NW. On suit ensuite le fil de l'arête. Plus facile que prévu. Devient d'un coup très aérien. Un véritable envol.
















L'escalade traditionnelle (également dénommée Trad) se pratique sur des voies peu ou pas du tout équipées. Elle associe l'escalade libre et l'usage exclusif de points d'assurage amovibles et rétractables (conçus pour arrêter une chute), les protections posées dans les fissures ou anfractuosité de la roche ne devant pas laisser de trace sur la paroi ni endommager le rocher (escalade propre), au contraire des trous forés pour insérer des pitons. Le grimpeur juge de la qualité de la roche qu'il rencontre et place lui-même les éventuels ancrages supplémentaires. La pose de protections n'est possible que si le rocher le permet. Ce type d'escalade est donc en symbiose avec l'élément naturel et se pratique principalement dans des fissures qui imposent parfois une gestuelle spécifique (coincements de doigts, de la main, des pieds, des genoux), lorsqu'il n'existe pas d'autres prises possibles. En France, l'escalade traditionnelle est globalement cantonnée aux voies en montagne ou aux sites classés par la Fédération française de la montagne et de l'escalade comme terrains d'aventure. D'autres pays, au contraire, pratiquent majoritairement ce type d'escalade, notamment les pays anglo-saxons. Le premier de cordée est assuré du bas par le deuxième. En montant, il pose le matériel nécessaire. Le deuxième (ou dernier) de cordée récupère ensuite l'équipement lors de son ascension et laisse un rocher sans trace. Outre son aspect écologique et respecteux de l'environnement, c'est une pratique intéressante : placer la bonne protection au bon endroit permet d'aller à la rencontre du rocher tel qu'il est, sans artifice, mais aussi de mesurer son jugement et les capacités physiques et mentales déployée lors de la grimpe. Gestion de l'énergie, évaluation du terrain et du matériel, résistance, couleur, bruit, manipulation de cordes, et une multitude de détails et de gestes qui font que la matière devient une alliée.
Sur toutes la course, nous avons utilisé 1 dégaine, 1 coinceur hexagonal et 3 coinceurs à cames (ou friends : on compresse, on place le friend dans la fissure, on relâche. Les cames se mettent en place sur le rocher. Plus on tire sur le friend, plus il se verrouille). Une fois passés, le rocher ne présente plus aucune trace de passage.
Une courte désescalade mène à un ancrage pour un rappel de 25m. Échappée possible versant W depuis cette brèche. La remonté depuis la première brèche constitue le deuxième passage coté difficile, avec une paroi de rocher très lisse offrant peu de prises, à chercher parfois un peu loin (escalade essentiellement sur phalanges).

Dans la première brèche.






Rappel de 15m. Deuxième brèche.



Au sommet du Pic du Glacier Blanc :

Le massif des Écrins depuis le Pic du Glacier Blanc.


Le plateau d'Emparis à la lisière des Ecrins. Vue panoramique sur le massif de la Meije. A droite, lac du Glacier d'Arsine.
Le glacier d'Arsine se situe dans le massif des Écrins. Son front glaciaire forme une falaise de glace qui plonge dans un lac de fonte retenu par les moraines frontale et latérales du glacier. Il prend naissance sur les pentes d'un cirque en fer à cheval ouvert vers le Nord et dominé par le pic des Agneaux, le Pic de Neige Cordier et le Pic d'Arsine. D'une longueur de 1,7km, le glacier d'Arsine est compris entre 2450 et 3600 mètres d'altitude. Le lac d'eau de fonte des glaces possède une couleur laiteuse de par la présence de paillettes minérales en suspension dans les eaux provenant de l'érosion glaciaire. Ce lac est constitué de deux parties séparées par une moraine médiane et reliées par un chenal artificiel afin d'en contrôler le niveau.


Montagnes environnantes




Le Dôme des Écrins, irisé sous le soleil de midi.
Redescente par l'arête de neige Est que l'on voit sur la photo, avec un magnifique point de vue sur le lac du Glacier d'Arsine. Première partie en neige sur l'arête, passage sur névés et pierriers pour rejoindre le sentier ramenant au refuge du Glacier Blanc.



Névé.

Retour au Pré de Mme Carle. Dénivelé : -1655m :

Du Pelvoux à Ailfroide, impressionnante barre de faces Nord.


Lac Tuckett. Autre heure, autre lumière.




Un peu de fraîcheur sous un cagnard magistral.


Pré de Madame Carle.

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